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Louise/les ours par Karin Serres

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Title of Script/Text & Name of Author: Louise/les ours

Author's Email address: karinserres@me.com, accepts marketing: false

Language: French

Ideal Audience Age Range: 6-12 ans

City and Country: Vincennes, France

Short Description of Script/Text: Louise, 8 ans, vit dans une petite ville du Canada. Elle découvre un jour un immense ours blanc transparent derrière elle. Puis un derrière son père et sa soeur adolescente. Puis un derrière chaque habitant de sa ville.

Number of Performers Needed: 3

Ideal Size of Performance Space/Theatre: peu importe

Technical needs : De quoi créer la présence étrange des ours blancs transparents : son, lumière, projection, sensation…

Accessibility Needs/Requirements: aucun

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Photo of Production upload: LLOAffiche.png

Contact for information or copy of script: karinserres@me.com

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Excerpt of Script/Text (no more than ten pages): DISTRIBUTION Louise Wing, onze ans Ian Wing, son père Elinor Wing, sa grande sœur, adolescente Une mère (peut être jouée par Elinor) Bob Prescott, voisin, chef de la milice anti-ours (peut être joué par le père) Louise et sa famille vivent en Alberta (Canada), dans une petite ville traversée par une autoroute. La pièce se déroule presque toujours dans la cuisine de la maison familiale, grande, lumineuse, où donne la porte d’entrée double (bois + grillagée), et la fenêtre par laquelle on voit les quelques marches du perron, la pelouse et la rue. Lorsque la pièce se déroule ailleurs, ces lieux sont indiqués : sur l’escalier arrière extérieur, dans la chambre d’Elinor, dans celle de Louise, dans la rue, dans le pick-up qui roule, au bord d’une rivière…etc Note importante : dans cette pièce, les personnages doivent parfois vraiment parler simultanément. Le top-départ des deux ou trois parties de textes simultanées est donné par un astérisque noté dans chaque partie. Pour plus de clarté, dans le cas de deux passages simultanés très proches, le top-départ du premier passage simultané peut être donné par un astérisque (dans chaque partie) et le top-départ du second, par deux astérisques (toujours dans chaque partie). Une fois ce top-départ commun donné, les parties simultanées se disent pour chaque personnage dans le rythme logique et sensible du contexte… 1 Louise, Ian LOUISE. — J’attends pour traverser au bord de la high way. Le bout de mes chaussures au ras du trottoir, une main sur le poteau du coin, plus loin la fin de la ville, les usines, les collines, le ciel orange du soleil qui se couche sous les sombres nuages plombés de la pluie qui vient de cesser. J’attends que le flot des voitures s’arrête, le flot continu de leurs feux arrière comme des flèches rouges de feu, le chuintement de leurs pneus sur la route mouillée, et la nuit commence à tomber. J’attends, une main sur le métal rouillé, les mollets nus, mon sac de piscine sur l’épaule, le bout des cheveux trempé. Tout à coup, je le sens arriver dans mon dos. Et attendre, lui aussi, derrière moi, pour traverser. Je ne me retourne pas. Pas l’effrayer. Pas le faire voler en éclats, qui que ce soit, là, dans mon dos comme la cuirasse de douceur d’un énorme manteau, rayonnant de chaleur comme un capot de tracteur. Il ne dit rien. Ne soupire même pas. Il est immense par rapport à moi, et blanc, sûrement. Très grand, très blanc. Un trou dans la coulée des voitures. J’avance un pied au-dessus de la route noir bleuté, il me suit. De son grand pas élastique et souple, assuré. Je traverse la high way, il me suit, même pas besoin de me retourner pour vérifier : il est tombé du ciel pour ne plus me quitter. IAN. — A la nuit tombante, une petite fille marche sur le bitume mouillé, un géant transparent la suit. Au bord du trottoir, tous les deux, ils attendent que le flot cesse, que la main rouge disparaisse en lançant son compte à rebours lumineux, walk, don’t walk, muette, et ils traversent la quatre voies, lui et elle, en une seule fois. LOUISE. — Arrivée de l’autre côté, je me retourne. Il me regarde de ses yeux brûlants. Je lui souris, la tête renversée vers lui, si grand. Si éblouissant. Et je repars, lui derrière moi, ses longs pas sans bruit et toute sa clarté lunaire qui me suit comme une ombre de lumière. 2 Louise, Ian, Elinor Louise entre dans la cuisine, sac sur l’épaule, cheveux mouillés : son père et sa soeur, déjà à table, l’attendent pour le dîner. LOUISE. — J’ai tourné la tête : un ours, c’était. ELINOR et IAN, aussitôt inquiets. — Han ! LOUISE. — Blanc. *Un ours blanc. ELINOR. — *Ici ? LOUISE. — Blanc transparent. Oui. IAN. — Un albinos ? LOUISE. — Debout sur ses pattes arrière, derrière moi, exactement. Il m’a suivie jusqu’ici… Elinor. — **Haaa ! IAN. — **Quoi ? LOUISE. — … **je peux lui dire d’entrer ? Branle-bas de combat dans la cuisine, panique, sauf Louise. ELINOR. — *Mais t’es tarée ?! IAN. — Pas de *panique. Téléphone. … Ne bougez pas, ne **BOUGEZ PAS ! LOUISE. — **Tu viens ? C’est là. Louise fait entrer de la main l’ours invisible. Simultanément, Ian et Elinor : ELINOR. — *Mamaaaan ! IAN. — *Non ! ELINOR. — Où il est ? LOUISE, à l’ours invisible. — Alors mon père, Ian Wing et ma sœur, Elinor. On peut l’inviter à manger ? IAN. — **Attends… ELINOR. — **Mais il est où, ton ours à la… ? LOUISE. — Là ! A l’ours. Ma sœur, donc… ELINOR. — T’as fumé ton maillot de bain *ou quoi ? IAN. — *Où ça, là ? LOUISE, au bord des larmes. — Mais là, papa ! Tout immense, tout blanc transparent, regarde, t’es miro ou quoi ? Après un temps, Ian se décide et met un couvert de plus à table. IAN, à Elinor. — Pousse-toi, toi. Chh. Voilà. Allez, on mange maintenant. A l’ours invisible. Asseyez-vous, monsieur le…Hum. Comment il s’appelle, Louise ? LOUISE. — Je ne sais pas, p’pa. Je ne lui ai pas demandé. A sa sœur : Tu vois ? Louise s’assied, invite l’ours de la main. Allez, je meurs de faim, moi ! Tu ne veux pas ? A la famille qui ne voit rien. Il a pas faim, je crois. A l’ours. T’asseoir au moins ? Elle prend la chaise qu’elle pousse derrière elle. Voilà. ELINOR. — Bon, on mange ou quoi ? LOUISE, à l’ours. — Ma sœur se fait embrasser *devant le lycée. ELINOR. — *Tais-toi. LOUISE, à l’ours. — Contre le mur de briques, en plein soleil, ma sœur Elinor se laisse embrasser, **les bras écartés, les yeux fermés. ELINOR. — ** Je vais te tuer. IAN. — Les filles, s’il vous plaît. LOUISE. — Hmm, c’est bon. C’est quoi ? ELINOR. — Du steak d’ours. LOUISE. — Ha ha ! à l’ours invisible derrière elle. Elle ment. Ne l’écoute pas. 3 Louise, Ian Le lendemain matin. Louise part pour l’école et Ian, travailler. IAN. — Allez, à ce soir, Louise. Quoi ? LOUISE. — L’ours. IAN. — Quel ? Ah ! Oui ? LOUISE. — J’en fais quoi ? IAN. — Laisse-le là. LOUISE. — Non, il veut venir avec moi. IAN. — Alors laisse-le dehors, devant l’école. LOUISE. — Dans le froid ? IAN. — Un ours blanc, ça le gênera pas. LOUISE. — En plein vent ? Y a rien pour s’abriter ! IAN. — T’as qu’à l’accrocher à la barrière. LOUISE. — Pour quoi faire ? IAN. — Pour pas qu’il s’échappe. LOUISE. — Mais il veut pas s’échapper. IAN. — Alors dis-lui de t’attendre là et puis voilà. Allez, faut que j’aille travailler. Quoi ? LOUISE. — Ça se fait pas. IAN. — Louise, personne n’a le droit d’apporter un ours à l’école. LOUISE. — Même au Nunavut? IAN. — Même. Allez, j’y vais. Bonne journée… Où tu dis qu’il est ? LOUISE. — Là. IAN, à l’ours invisible. — Bonne journée toi aussi, mon gars. Attrape pas froid. Il sort.